Le musée conserve deux tableaux et cinq dessins d’Honoré Daumier, artiste célèbre pour ses caricatures politiques ou satires de mœurs dans la presse, mais aussi pour le style réaliste de ses sculptures et peintures.
Ce dessin reprend le thème des avocats en situation. En cela, Daumier se situe dans la tradition française de raillerie à l’égard des affaires et des hommes de justice, plus proches de la bourgeoisie que du peuple. L’homme, défenseur de la République et des libertés, appartient au monde moderne, celui d’après 1830 et 1848. À l’époque, il est soutenu par de grands auteurs, – Honoré de Balzac, Charles Baudelaire –, ou par les artistes qu’il fréquente et qui le soutiendront jusqu’à sa mort – notamment Jean-Baptiste Camille Corot, Charles-François Daubigny. Pourtant, sur tout considéré comme simple amuseur, il faudra attendre longtemps avant que son art ne soit reconnu. « Les Avocats » illustre ce talent : le trait est efficace et sincère, la technicité audacieuse et maîtrisée.
Avec un minimum de tons, noir, brun et blanc, il fait vivre ses deux figures dont les robes aux noirs profonds rappellent les toges excentriques des comédiens de boulevard ou classiques de ceux de la Comédie-Française. Amoureux des théâtres, Daumier soigne sa mise en scène. Tout est dans la suggestion et dans l’ambiguïté qui mêlent acidité du sens de l’image et soyeux du rendu. Parfois, l’artiste modèle son sujet jusqu’à le déformer, mais toujours dans l’esprit de ne garder que l’essentiel, un type. Dans cet instantané, l’artiste suggère la complexité des rapports humains dans une profession en pleine mutation. La comédie humaine se joue avec ses deux confrères se narguant avec ironie et hypocrisie, révélant l’incommunicabilité entre les êtres. La source de ce dessin mordant pourrait être le tableau « Les Deux Avocats », du musée des Beaux-Arts de Lyon. [M.-H. Montout-Richard, 2017]
Notice complèteDeux avocats passent l’un près de l’autre.
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