On dénombre plus de 400 dessins classés sous le nom de Lagneau dans les collections publiques françaises et étrangères, sans compter la centaine de feuilles attribuées à l’artiste passées en vente ou circulant sur le marché de l’art. Tous sont des portraits ou des figures, dessinés à la pierre noire et à la sanguine, enrichies de pastel ou de craie de couleur. Si l’identité exacte de Lagneau demeure à ce jour inconnue, plusieurs indices ont permis de situer son activité à Paris, sous le règne de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche. Le prénom Nicolas qu’on a voulu lui prêter est une invention de la fin du XIXe siècle qui ne trouve aucun fondement dans les archives contemporaines de l’artiste. Son nom est mentionné en 1667 par l’abbé Michel de Marolles, dans l’inventaire de sa collection d’estampes et de dessins, dressé avant sa vente au Roi. Des dessins de Lagneau ayant appartenu à Marolles, il subsiste 69 feuilles conservées à la BNF, devenues des références dans l’établissement des critères d’attribution à l’artiste.
Le musée des Beaux-Arts de Reims conserve pour sa part 16 dessins pouvant être associés au nom de Lagneau. Parmi ceux-ci, se trouve ce portrait de femme, provenant de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon, premier directeur et professeur de l’Ecole de Dessin de Reims fondée en 1748. Dans son Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims publié en 1881, Charles Loriquet identifie le modèle de ce portrait à Jeanne d’Albret (1528-1572), reine de Navarre et mère d’Henri IV. La femme ici figurée présente toutefois une physionomie différente de celle qu’on observe sur d’autres portraits de Jeanne d’Albret datant du XVIe siècle.
Au verso du dessin, une inscription datant probablement du XIXe siècle identifie également ce portrait à Marie Touchet (1549-1638), comtesse d’Entragues et maîtresse du roi Charles IX. Comme pour la majorité des dessins attribués à Lagneau, cette identification ne peut être retenue. De façon générale, Lagneau n’identifie pas ses modèles et il semble que ceux-ci ne possèdent pas, dans la société de la première moitié du XVIIe siècle, une place suffisamment importante pour que leur visage soit connu par la gravure ou par d’autres dessins. Ses modèles sont des membres de la petite bourgeoisie, parfois même des hommes et des femmes issus de la paysannerie.
On reconnait ici le traitement simplifié et stéréotypé du visage, caractéristique des portraits de jeunes femmes dessinés par Lagneau. [L. Causse, 2020]
Portrait de femme, en buste, de trois-quarts gauche, perle à l’oreille gauche, large collerette, cheveux relevés.
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