Le thème de l’arbre est privilégié par l’artiste qui deviendra le grand défenseur de la forêt de Fontainebleau en plaidant auprès de l’Empereur, à la fin de sa vie, pour la sauvegarde des chênes. L’arbre luttant contre le vent est un thème souvent étudié depuis l’époque classique, notamment par Achille-Etna Michallon (1796-1822), Premier Prix de Rome de paysage historique, qui dessinera à différentes reprises « Le Chêne et le Roseau » (Paris, musée du Louvre). Un autre dessin de Rousseau, « Le Chêne de roche » (collection Hermann), rappelle étrangement les travaux des artistes qui concouraient pour le Prix de Rome de paysage historique et qui devaient subir la seconde épreuve dite « de l’arbre ». Par ailleurs, on ne peut oublier de mentionner l’influence de Claude Lorrain (1600-1682) – ses « Études d’arbres » par exemple – et de John Constable (1776-1837), deux références majeures pour le peintre qui les étudiait au Louvre durant ses premières années d’apprentissage.
La comparaison de ces œuvres confirme que les liens sont possibles entre le paysage classique, celui de Michallon en particulier, et le romantisme, et relativise les ruptures historiques, parfois caricaturales : la même passion pour une nature sauvage et violente sans aucune présence humaine peut les caractériser. Toutefois, les dessins de Rousseau mettent en évidence son intérêt pour les effets atmosphériques que retiendront les impressionnistes – les différents plans des paysages fusionnant ensemble.
Les dessins au fusain restent difficiles à dater. Selon Michel Schulman, le « Paysage boisé, coup de vent » aurait été exécuté vers 1845, époque où Rousseau se rend notamment dans les forêts de l’Isle-Adam et de Compiègne. L’annotation découverte récemment au verso validerait la date de 1836 et la localisation à Fontainebleau. « Pont dans un paysage boisé » et « Paysage boisé » se caractérisent par des formats panoramiques qui restent rares dans l’œuvre graphique de Rousseau et témoignent d’une volonté de renouveler la mise en scène classique. L’écriture spontanée et osée, la vibration des surfaces rapprochent le peintre du « romantisme plastique » d’Eugène Delacroix (1798-1863) qui privilégiait les masses au détriment des contours par l’emploi de hachures et qui revendiquait le dessin par les oves. Delacroix appréciait d’ailleurs Rousseau : il loue dans son Journal (30 avril 1847) « il faut en excepter l’Allée d’arbres, de Rousseau, qui est une œuvre excellente dans beaucoup de parties » (Paris, musée du Louvre). [D. Liot, 2002]
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